Amour, désir et rapport sexuel : quel rapport ?

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Christophe PERROT - Psychanalyste - Psychothérapie - Paris - 01.45.68.91.06

 

 

Amour, désir et rapport sexuel est-ce vraiment une question de quantité et de couleur ?

Oui à en croire l’étude réalisée voici quelques années par la chaine de magasin de meubles britannique Littlewood rapportée dans le Daily Mirror [1] . Elle avait mis à jour une relation entre les couleurs dominantes dans la chambre à coucher d’un couple , la couleur des draps et la fréquence de ses rapports sexuels sur une semaine . Les résultats étaient les suivants :

 

  Couleurs des    murs   Nombre de   rapport sexuel   hebdomadaire  Matière des   draps Nombre de rapport sexuel hebdomadaire
  violet 3,49   Draps en soie 4,35
  rouge 3,18   Coton 2,72
  bleu ciel 3,14   Nylon 2,35
  rose 3,02   Polyester 2,33
  noir 2,99   Duvet : 1,8
  bleu marine 2,76
  jaune 2,43
  brun 2,1
  blanc 2,02
  beige 1,97
  vert 1,89
  gris 1,8

 

Cette étude questionne la fréquence, sans s’interroger sur la possibilité même d’un rapport entre les sexes.

 

Cette phrase de Jacques Lacan selon laquelle Il n’y a pas de rapport sexuel” [2] semble en apparence  aller à l’encontre des principes même d’une telle étude. Lorsque Jacques Lacan énonce cette phrase c’est un jeu de mots qu’il réalise et c’est  d’un rapport au sens des mathématiques dont il parle.  Pour la psychanalyse dire qu’il y aurait un rapport sexuel au sens d’un « rapport possible entre les sexes reviendrait à pouvoir dire que  » x est à y ce que a est à b » , ou plus exactement que  : » x se rapporte à y selon une certaine grandeur, par exemple x=2y ». Et il n’en est rien bien sûr.

Pour la psychanalyse être homme ou être femme est un rôle distinct de la biologie. Etre un homme ne saurait se réduire à avoir un pénis tout comme être une femme ne se résume pas à avoir des seins et un vagin. Sans parler de genre, comme nous le faisons abondamment ajourd’hui, c’est bien de cela dont il est question pour Jacques Lacan Pour la psychanalyse , si l’homme était complémentaire à la femme au sens d’une logique leur union les rendrait complet.  Et ce serait seulement par leur union qu’une complétude serait possible.

 

Christophe PERROT - Psychanalyste - Paris - Comment faire vivre son couple
Amour, désir, rapport sexuel

 

Dès lors la quête de tout sujet serait alors de trouver « sa moitié » pour constituer un « tout » . Jacques Lacan propose une autre vision de l’amour que celle de Platon.  Pour Platon l’amour se concevait comme un moment de retrouvailles d’une moitié perdue. L’autre sexe, le partenaire serait alors le complémentaire du premier dans un idéal de fusion. Comme si le but était de ne faire qu’un sans que l’on se demande : lequel ?

 

Cette prétendue complétude aurait alors pour effet d’anéantir la singularité du désir puisque hors du couple point de salut. De plus en opérant ainsi, une fois en couple chacun des partenaires n’aurait plus à désirer puisqu’il serait « au complet ».

 

Lire aussi : Comment faire vivre son couple ?

 

Amour, désir, rapport sexuel sont- ils necessairement reliés ? Raisonner ainsi serait faire bien peu de cas de la singularité du sujet d’ailleurs Jacques Lacan nommait cet anéantissement du désir : la « jouissance ».

 

L’expérience nous permet d’observer que quand un homme rencontre une femme, la relation n’est pas aussi idéale que cela . C’est à cause du langage, attribut exclusif des humains que le rapport est impossible entre les sexes. Le garçon n’est pas voué à la fille, contrairement aux animaux ou le mâle est voué à la femelle.

 

Pour la psychanalyse ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de rapport entre les sexes que les sujets n’ont pas de relations sexuelles.

 

C’est même parce qu’il n’y a pas de rapport entre les sexes que l’homme et la femme ont tendance à faire l’amour plusieurs fois. On ne recommence que ce qu’on a raté ! Si l’on mèle les résultats de l’étude précitée et les apports de la psychanalyse lacanienne, on peut conclure que les occasions d’ébats multiples, donc de réitération des ratages successifs seraient bien plus nombreux dans une chambre violette !!

Ainsi, la phrase provocante « Il n’y a pas de rapport sexuel » ne signifie absolument pas qu’on ne peut pas faire l’amour. L’amour est d’ailleurs une suppléance à l’absence de rapport sexuel [3] . Pour la psychanalyse c’est  la question du désir du sujet qui compte; moins assurément que celle de la couleur des murs de sa chambre.

 

Lire aussi :  Pourquoi et comment choisit-on son partenaire pour former un couple ? 

 

Un sujet se défini par son désir . Deux sujets désirants ne peuvent dès lors pas se retrouver l’un et l’autre dans un quelconque « rapport » .  Amour, désir, rapport sexuel sont disjoints.

 

Gardons nous de commettre l’erreur de voir dans l’amour quelque chose qui comble le désir. La fréquence des relations sexuelles dépend peut-être des couleurs, mais ne renseigne en rien sur le désir de chacun. 

Dès lors le but d’une analyse serait de rendre conciliable l’inconciliable en allégeant les idéaux et en encourageant chacun à l’invention de soi. L’enjeu est la découverte de sa singularité, la voie spécifique du désir pour l’assumer en toutes circonstances . Quel que soit sa couleur, sa matière ou la forme que prend l’amour il s’agira toujours de la manière dont les parlêtres trouvent des solutions à leur solitude foncière.

 

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[1] https://www.mirror.co.uk/lifestyle/sex-relationships/sex/best-bedroom-colour-for-sex-is-purple-1301501

[2] Jacques Lacan, Le séminaire XVI, D’un Autre à l’autre (1968-69), texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris : Seuil, 2006, Leçon du 12-03-1969.

[3] Jacques Lacan, Le séminaire, livre XXEncore, (1972-73), p. 34.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Amour, désir et rapport sexuel : quel rapport ?
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Amour, désir et rapport sexuel : quel rapport ?
Description
Le marketing quantifie la fréquence des rapports sexuels selon les couleurs des murs de la chambre à coucher des couples. Il met ainsi en équation une couleur et une quantité de rapport faisant de la quantité un gage d'épanouissement des etres humains. Qu'en est-il du point de vue de la psychanalyse ? Peux-on mettre en équation les hommes et les femmes à l'instar ce que que l'étude de cette chaine de meuble britannique propose ?
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Christophe PERROT - Psychanalyste - Paris
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